5e Accord

« Ne vous croyez pas vous-même, ni personne d’autre. Utilisez la force du doute pour remettre en question tout ce que vous entendez : est-ce vraiment la vérité ? Écoutez l’intention qui sous-tend les mots et vous comprendrez le véritable message. » Don Miguel Ruiz

Que signifie « être sceptique » ?

Il s'agit de mettre en doute les croyances et les vérités, de prendre du recul sur ce que nous entendons ou voyons, de douter et de remettre en question ce qui ressemble à des évidences, de refuser de nous prononcer sur notre confirmation ou notre validation définitive de ce que nous pensons avoir compris ou perçu et de réserver notre jugement, notre avis à plus tard.

Cet accord nous invite à faire preuve de discernement, d'analyse, de prudence et d'esprit critique, à prendre du recul sur ce que les autres me proposent, de ne pas y adhérer sans réfléchir, que ce soit de la part des médias, de mes amis, des voisins, de mon patron, de mon mari ou ma femme, mes enfants, ma mère ou mon père, mon mentor ou le président de la république.

Le juste milieu entre la crédulité et le scepticisme

Reprenons les définitions de ces concepts pour mieux comprendre les subtilités de cet accord :

Pour mieux comprendre les subtilités de ce 5ème accord, voici quelques précisions concernant la crédulité et le scepticisme. 

• La crédulité est la tendance d'une personne à être excessivement confiante, ingénue et influençable vis à vis de tout le monde, de tout ce qu'elle entend, de tout ce qu'elle voit. Elle prend facilement tout ce qu'on lui dit au premier degré, sans chercher à vérifier la fiabilité ou les sources des informations.

La crédulité va souvent de pair avec une forme de candeur, de naïveté et d’innocence. Une personne crédule est la cible facile des influenceurs, des manipulateurs, ou même tout simplement des vendeurs : elle se laisse facilement convaincre, ne prenant pas suffisamment le recul pour analyser, se laissant influencer facilement et rapidement.

• Le scepticisme excessif est la tendance opposée d'une personne à être excessivement méfiante, perplexe et dubitative envers tout ce qu'elle entend, tout ce qu'elle voit, tout ce qui l'entoure. Elle doute de tout et de tout le monde, remet tout en cause et en question, n'est jamais d'accord avec les autres et pense que de toute façon rien n'est vrai et qu'il faut vraiment se méfier des évidences et des certitudes. Le scepticisme mène régulièrement à la désinvolture, au désintéressement ou à l'indifférence vis à vis d'autrui, et une personne excessivement sceptique peut facilement être rejetée, exclue et donc isolée. Le scepticisme entraîne aussi souvent une personne à se rebeller, à contredire sans cesse les autres et à même à douter des sentiments des autres à son propre égard, il lui est donc difficile de s'attacher, de s'engager et de vivre des relations saines et épanouies durables.

Cet accord nous invite donc dans sa première partie à cesser d'être crédule et à développer une dose saine de scepticisme, sans tomber non plus dans la paranoïa, la théorie du complot ou le scepticisme excessif ou cynique de celui qui ne croit plus en rien et doute de tout.

 

Don Miguel Ruiz nous invite à développer une forme de scepticisme éclairé, celui d'une personne qui a conscience que chacun exprime des informations à partir de sa propre bulle mentale, s'inventant parfois des histoires et cherchant alors souvent à en convaincre les autres, sans forcément avoir de mauvaises intentions.

Il nous invite à développer un scepticisme positif, qui accepte cette réalité sans tomber ni dans la crédulité, ni dans le cynisme, avec simplement la croyance que personne ne détient la vérité absolue, que c'est ainsi et que nous pouvons tout de même nous épanouir au cœur de ces incertitudes.

Que signifie alors la 2ème partie de ce 5ème Accord : « apprendre à écouter » ?

 

Même si nous avons conscience que chaque personne perçoit le monde de façon différente et que toutes les paroles ne sont finalement que le reflet de la perception du monde de chacun, de « leur » réalité, il convient aussi d'apprendre à « écouter » ces paroles. Elles revêtent toujours malgré tout un fond de vérité, ou tout au moins un message à « entendre ».

Chaque parole, chaque comportement ou attitude d'autrui à notre égard est un feedback de nous-même, de nos propres paroles, de nos actions, comportements ou de notre personnalité : autrement dit, c'est une information sur ce que les autres ont perçu de nous-même, sur ce qu'ils ont retenu de nos paroles, sur l'impact de notre comportement sur eux ou encore sur le ressenti que nous provoquons chez eux. Les paroles d’autrui nous renseignent donc toujours au moins un peu sur nous-même autant que sur leur message.

Cet accord nous invite à la fois à ne pas être crédule et à écouter avec nos deux oreilles. Il vient donc tempérer le deuxième accord toltèque (« Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle. ») qui pourrait aller jusqu’à nous couper des autres.

Finalement, cette 2ème partie du 5ème Accord nous invite à ne pas nous couper des autres, malgré notre scepticisme, à ne pas rejeter tout ce qu'ils racontent, sous prétexte qu'il ne s'agit pas de LA réalité, mais simplement de leurs visions, leurs croyances, leurs interprétations, leurs suppositions, etc. Il nous invite à ECOUTER, et ainsi à en apprendre toujours un peu plus sur les autres, sur nos relations et sur nous-même. 

Élever notre écoute va nous permettre d’entrer en interaction avec le monde des autres d’une façon respectueuse. 

Si j’écoute vraiment je vais pouvoir comprendre l’autre, sa réalité, ce qu’il vit, ce qu’il ressent.

Le vrai lien, le vrai partage va venir de notre capacité à écouter, à nous intéresser, à comprendre et à respecter ce que l’autre vit dans son monde, puis à partager si nous le souhaitons ce que nous vivons dans le nôtre.

 

Avoir une parole impeccable, ne pas faire d'affaire personnelle de ce que l'on entend, ne pas faire non plus de suppositions et faire toujours de son mieux, avec les 4 premiers accords, nous étions déjà invités à prendre du recul, à ne pas nous laisser influencer par nos émotions, nos suppositions, nos projections et nos interprétations.

Ce 5ème et dernier accord nous apprend maintenant à prendre aussi du recul sur tout ce que nous entendons ou voyons, à garder un regard critique sur le monde, tout en s'y intéressant tout de même, à ne pas croire tout ce que l'on nous raconte, ni adhérer à toutes les opinions ou les rumeurs, mais tout de même à écouter, enregistrer, voir ce que cela peut nous apprendre et en tenir compte.

Cet accord nous apprend à continuer à échanger, à dialoguer, et ce d'autant plus librement et ouvertement que nous ne sommes ni dans l'obligation de croire tout ce qu'on nous dit, ni dans le rejet systématique non plus.

 

Le 5ème accord nous amène à aller encore plus profondément dans l’attention à nos pensées, à ce qui est dans notre réalité, dans une posture d’écoute et de questionnement. Est-ce la vérité, est-ce réellement la vérité.

En prenant cette posture d’écoute et de doute, en effaçant progressivement les croyances, les certitudes, qui limitent l’accès à l’Amour et à la Joie, nous nous approchons de plus en plus de qui nous sommes vraiment…

« Je sais écouter tout en restant sceptique : mon heaume relationnel. »

Ce 5ème Accord Toltèque est symbolisé par « un heaume » de chevalier. En effet comme un chevalier, nous devons protéger notre tête, notre esprit, nos pensées, mais nous devons tout de même garder les oreilles ouvertes et pouvoir entendre tout ce qui nous sera utile.

Le chevalier relationnel écoute mais ne croit pas sans discernement. Il se protège des croyances infondées et fait preuve d’une saine dose de scepticisme y compris vis-à-vis de ce que lui raconte son mental.

Le Coach/Thérapeute fait alliance avec son client mais pas avec sa problématique. Il écoute mais il ne croit pas sans discernement tout ce qu’il lui dit. Il reformule ce qu’il entend et il n’hésite pas à recadrer ses propos pour lui permettre de nettoyer les lunettes avec lesquelles il regarde le monde.

Il identifie tout ce que son client ou son entourage fait pour résoudre son problème (et qui ne fonctionne pas).

Des recadrages ajustés sur les tentatives de solution de son client l’aident à transformer ses problèmes en défis à relever et en processus d’apprentissage (sur sa relation à lui-même et aux autres).

Parce que son client n’est pas tout le temps ni complètement en relation avec son problème, il le questionne sur les moments d’exceptions et il cherche à comprendre ce qu’il a fait (ou pas) et ce que son environnement a fait (ou pas) pour cela.

En questionnant sur les moments d’exceptions, il met son client dans son « espace solution » et lui fait prendre conscience de ses ressources (« points de solidité »).

Il sait faire preuve d’une saine dose de scepticisme, également et surtout vis-à-vis de ce que lui raconte son propre mental.


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